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Practice the meditation !
Comment je suis entré et sorti d'une secte

En 1988, je suis entré dans un groupuscule sectaire qui pratiquait la méditation en utilisant les chakras (d'hypothétiques points énergétiques). Je raconte comment il m’a été possible d’ignorer tous les “red flags” (avertissements) qui se sont pourtant présentés clairement à moi les uns après les autres, et comment un esprit rationnel à la base, peut se faire “désactiver” par le biais d’un meneur charismatique, couplé à la féroce envie de “comprendre le monde”, qu’il s’agisse du domaine de la religion, de la politique ou d’une quelconque idéologie. J’en suis sorti à la suite d’un événement tout à fait anodin : une légère chute de neige !

Le texte

Je vais te raconter comment et pourquoi je suis tombé dans une secte, et surtout comment j’ai pu ne m’apercevoir d’aucun red flag.

C'était en 1988, j’avais 23 ans et à l'époque, je passais des heures à philosopher avec un ami qui s’appelait Philippe.

On se demandait comment l'univers avait bien pu commencer, mais on avait tellement pas de réponse qu’il m’a annoncé qu'il connaissait quelqu’un qui pourrait peut-être nous aider d'une façon “différente”.

Pourquoi pas ! … Allons rendre visite à son ami Daniel !

Alors, Daniel, c’était un gars charismatique, mais de ouf ! … Sans déconner, il aurait pu vendre des skis à Tahiti. C’était un mélange entre Édouard Baer et Jean-Jacques Goldman.

Il nous a reçu hyper-gentiment. Il était calme mais pas mou. Et toujours avec une sorte de petit sourire bienveillant.

1er red flag, c’est jamais bon d’être sous le charme de quelqu’un juste pour l’apparence.

Alors on parle philo, univers, sens de la vie autour d'une tisane bio dans sa cuisine, et je vois bien qu’il est pas comme Philippe et moi, il a une approche différente et il nous annonce sans trembler des genoux qu'on provient tous du “Divin”.

LE scoop, donc. Mais bon, avant on avait pas de réponse; là au moins on en a une.

2ème red flag : une mauvaise réponse à une question, c'est pas mieux que rien : c'est pire que rien !

Du coup, je comprends pas trop mais j'imagine que le divin, c'est un truc encore plus grand, plus vieux et plus mystérieux que l’univers.

J'étais émerveillé sans comprendre. Ce qui va souvent bien ensemble, parce que quand on comprend on arrête souvent d'être émerveillé.

3ème Red flag : se laisser charmer par un spectacle de magie ou une comédie musicale, c'est super-cool, mais dans la vraie vie c'est la meilleure manière de se retrouver avec un trou de balle du diamètre d'une boule de pétanque.

Alors, sa théorie, c’est qu’on est sorti du divin en étant projeté sur terre à coups de pieds au cul pour apprendre des trucs en mode “Stage de survie”, et quand on a validé toutes les compétences spirituelles, on retourne au divin et la boucle est bouclée.

Hè ! Je venais en même temps de comprendre le début et la fin de tout, le sens de la vie, et mon utilité sur terre… Si ça, c'est pas badass !

Remarque que toi, tu es encore plus fort, parce que tu viens de comprendre tout pareil avec mon explication de 20 secondes.

4ème red Flag : quand on est flatté, on devient très vite aussi con que le corbeau de la fable.

Mais c'est pas fini, parce que maintenant que j'ai capté le topo global, il me faut encore la méthode pour monter dans la hiérarchie spirituelle afin de “rejoindre le divin” sans avoir besoin de me faire chier à me réincarner.

Alors, Daniel a été catégorique : il faut reléguer son mental au placard, parce que ce n’est pas l’intelligence qui permet de comprendre les choses.

La preuve, on est allé le voir parce qu’on se posait des questions auxquelles on n’avait pas de réponse, comme par hasard.

5ème red flag : quand on on te demande d’éteindre ton cerveau, il fait vite très noir.

Bonne nouvelle : il suffit de pratiquer la méditation. T’as juste besoin d’un sol pour t’asseoir dessus, et c’est parti. On réfléchit plus, on médite. Tout seul. Tous les jours.

Et une fois par semaine, on se retrouve à quatre ou cinq chez Daniel pour méditer tous ensemble, parce que le télétravail c'est bien, mais un peu de présentiel, ça fait pas de mal.

Daniel a dédié une de ses chambres à la méditation commune. Alors, c'est une pièce vide aux volets fermés, éclairée à la bougie avec quelques posters de divinités indiennes accrochés au mur.

Alors, on s’assied tous en tailleur face à Daniel qui fait brûler de l'encens et qui met une sorte de musique orientale qui ressemble à rien en fond sonore pour l'ambiance.

J’ai cru comprendre qu’on suivait une procédure dérivée d’une discipline qui s’appelle le “Hatha yoga” : C’est un truc avec des chakras - des sortes de points d'énergie.

Daniel faisait retentir un petit gong pour démarrer la séance. : on fermait tous les yeux et on devait concentrer notre énergie en bas de notre colonne vertébrale pour la faire remonter jusqu’entre les deux yeux, sur un autre chakra qu'il s’appelait “le troisième œil” pour finalement la déporter vers un ultime chakra au sommet de la tête, qui permettait d’élever notre esprit jusqu’à à peu près la hauteur du plafond. Et c'est là qu'on était en méditation.

Présenté comme ça, ça a l'air trop bien ! Mais dans les faits, je ressentais rien. À aucun moment ! … Et quand mon esprit était sensé flotter au dessus de ma tête en lévitation, j'étais plutôt en train de penser à ma vie quotidienne, comme dans ton lit juste avant de dormir, sauf que là, comme j'étais pas fatigué, j’attendais patiemment le gong de fin qui signifiait qu'on avait bien travaillé.

6ème red flag : quand tu t'acharnes sur un truc, et qu’il n’y a vraiment jamais le moindre résultat encourageant, vient un moment où faut lâcher l'affaire.

Et au gong de fin, on ouvrait alors tous les yeux, et on s’échangeait des petits sourires complices comme si on revenait d’un trekking de 2 mois dans l'Himalaya et qu'on avait bien mérité de parler d’amour infini et de vie éternelle autour d’un thé sans sucre dans la cuisine à Daniel à la santé du divin.

Inutile de consommer des trucs louches, on était déjà les rois élus par Dieu.

Daniel nous a ensuite raconté qu'il était lui-même l'élève d’un certain “Gouroudji”. Alors moi, je croyais que c'était son nom, mais ça veut juste dire “Maître” en hindi, et il nous annonce que ce fameux gars-là va venir lui rendre visite directement d'Inde, et qu'on va donc pouvoir le rencontrer.

Inutile de dire que j'aurais loupé ça pour rien au monde parce que déjà que Daniel, il est super impressionnant, qu'est-ce que ça doit être son maître à lui !

Cet événement à venir avait attiré quelques personnes de plus par bouche à oreille, et on commençait à être un peu serrés chez Daniel.

Gouroudji est arrivé par avion, payé par je ne sais pas qui, parce qu'à moi, on m'avait rien demandé. Et j'en profite pour préciser qu’on m'a jamais demandé de pognon à aucun moment.

C'était pas une secte dans le sens escroc du terme. A posteriori, je dirais que je m’étais inclus avec mon ami Philippe dans un agglomérat de perchés aussi perdus que nous.

J'étais chez Daniel, avec quelques autres méditants pour accueillir Gouroudji.

Je pense que je m'attendais inconsciemment à l'image d'Épinal du vieux sage barbu avec des longs cheveux, emballé dans une toge, et puis un bâton de pèlerin… mais en fait, il était imberbe, assez petit, un peu rondouillard, style 25/30 ans, avec une chemise blanche style entrepreneur new age et puis un point rouge sur le front.

Il rentre, et direct ils se prend avec Daniel dans les bras qui avait les larmes qui lui coulaient spontanément le long des joues . Ça m'a impressionné, t’imagines même pas comment ! Bon, j’étais déjà conquis par tout le bazar, mais là, WOUAHHH, mais comme c’était puissant !”

J'avais l'impression qu'on recevait le pape en personne, le fils naturel de Chuck Norris et de Harry Potter dans le corps d’un Patrick Timsit très bronzé d'il y a 30 ans

Je lui accorde ma dévotion par principe, c'est tout juste si je ne tombe pas à genoux devant lui avec les mains jointes.

Et accorder sa confiance à quelqu’un que tu connais depuis 2 minutes, c'est le 7ème red flag que j'ignore joyeusement.

Comme on était maintenant trop nombreux pour la chambre à Daniel, on s’est déplacés vers une petite salle communale louée pour l'occasion, dans le but de suivre une série de “Master class en méditation” prodiguée par Gouroudji.

Alors, c’est moins cosy; c’est juste une grande pièce trop éclairée au néon et les consignes en cas d'incendie ont pris la place des posters ésotériques.

Alors, on était tous assis en tailleur par terre en demi-cercle autour de Gouroudji, mais comme il ne parle que l’hindi et une sorte d’anglais basique, Paul, un des “apprentis-méditants” faisait office de traducteur.

Alors, Gouroudji - dont je ne connaîtrai jamais le vrai nom - il nous racontait quoi ? … Très franchement, je n’ai jamais bité un gramme de ce qu'il disait !

J’avais l’impression qu'il prenait des bouts de phrases au hasard pour en broder un texte qui aurait être tout aussi bien pu être pondu par un chat GPT shooté aux mojitos.

“Heart beating”, “Universe secrets”, “Deep Mind of existence”, avec son accent hindou typique. Et toutes les deux phrases, il répétait, comme un tic de langage : “Practice the meditation”.

Pendant une demie heure, ça ressemblait à ça: “Practice the meditation”, “Infinite possibilities”, “Dreams make real”, “and don’t forget : practice the meditation, of course”. Style, la méditation, c'est le couteau suisse du cosmos.

Au bout de quelques sessions où ça commençait quand-même à me soûler de rien comprendre, j'ai profité d'une séance de questions-réponses pour lui demander un truc tout simple…

pas pour le piéger ! Pas du tout ! … Mais juste pour piger ce qu'il avait à me dire de plus que je ne savais pas déjà.

- “Monsieur Gouroudji : si je tombe et que je me casse une jambe, est-ce que je dois appeler les secours ou pratiquer la méditation ?”.

Ma question était tellement terre à terre, que ça a provoqué un petit rire gêné de la part de des participants qui me regardaient comme si j'étais un martien.

Paul traduit… Gouroudji réfléchit dix bonnes secondes, parce qu'on ne l'avait sûrement jamais cueilli comme ça.

ALors, Je souviens plus du tout de sa réponse, mais c’était un gloubi-boulga anglo-ésotérique du style: “Eternal Dance”, “Broken leg”, “be careful of the spirit”, “Greatest universe”.

Il se tait. Paul me demande s’il a bien répondu à ma question”... Ah ben oui, tu penses ! Tout est clair, maintenant !

Quand tu poses une question simple et légitime et que tu sens bien qu’on te répond nawak, c’est un red flag. Le 8ème donc.

Alors je réponds : “Heu Ouaiiis… Mais j’ai pas compris si je dois appeler les secours ou juste pratiquer la méditation ?”

Paul traduit à nouveau. Gouroudji me gratifie d’autres punchlines du même tonneau : “Explore the possible”, “goodness of universe”, “spirit love and thanks the destiny”.

Alors, moi, j'ai rien contre explorer l'amour de l'univers du destin de tout ce qu'il veut, mais là, tout de suite, j'agonise par terre avec une jambe pétée, j'ai besoin d'un peu de concret.

J'essaie d’insister très poliment une troisième fois mais je vois bien que ça commence à agacer un peu tout le monde et Paul me dit que Gouroudji m'a déjà répondu deux fois, et que ce serait bien qu'on puisse passer un peu à autre chose.

Petit moment de solitude, donc là… Accentué par le fait que mes collègues spirituels - qui ne m’avaient pas toujours l’air d'avoir inventé le clignotant pour aller tout droit - semblaient, en tout cas d'après leur regard en tout cas, d’avoir tout compris depuis longtemps.

Je suis donc à ce point le plus borné de l’assemblée… la promotion spirituelle, c'est pas pour tout de suite.

Tu vois comme c'est vicieux ? … Si j'arrive pas, c'est parce que je suis con. Ça ne viendrait pas à l'esprit d'imaginer que c’est juste parce que je me suis engagé dans un bullshit sans nom.

9ème red flag : quand t’as l’impression d’être le con invité au dîner de cons alors même que ça te saute aux yeux que tout le monde est au moins aussi con que toi : y’a un bug.

On est alors en hiver et on se balade un peu à Genève pour montrer un peu la ville à Gouroudji, quand tout à coups, il commence à neiger des gros flocons. Il avait jamais vu ça de sa vie, il était là comme ça, et s’est écrié un truc du style “it's a sign of divine”...

Paul l’a gentiment recadré : “non non non ! c'est de la neige, c'est comme de l'eau en coton, ça arrive des fois par ici”... Mais Gouroudji, il restait coincé dans son délire : “no no no no no ! “It’s a sign, it’s a sign !”... Comme un gamin devant le père Noël.

Je sais que c'est pas gentil, mais j'aurais bien aimé qu’il glisse et qui se ramasse la gueule, juste pour voir s’il appelle au secours, ou s'il entame une séance de méditation.

On a vraiment essayé de lui faire entendre raison mais l'autre, il était tellement dans son trip qu’on a lâché l’affaire :

“Bôah, il a déjà un doctorat en univers et méditation, on lui pardonne de pas être expert en météo”.

C’est là, C’EST LÀ, à cet instant précis que la foudre a éclaté dans ma tête :

“Attends, attends ! … Donc là, on est dans une situation où nous, on sait de quoi on parle, et Gouroudji, pour une fois, il sait pas, et même quand il sait pas, il prétend savoir ! … Donc, la vérité, ça l’intéresse pas; lui, tout ce qu’il veut, c'est que les gens soient persuadés qu’il a réponse à tout !

Et c'est là que tous les red flag - qui était pourtant dressés devant moi depuis le début - me sont tous apparus comme des évidences.

On m'a fait croire que ce que mon mental ne comprenait pas, on pouvait le remplacer par de la spiritualité comme une pièce détachée de lave-vaisselle.

Et mon égo, caressé dans le sens du poil, se réjouissait d'être ainsi guidé sur des rails qui me promettaient l'éveil spirituel”, ou un truc dans le genre.

Ma foi - ou plutôt “ma crédulité” - a fondu plus vite que la neige sur la tête à Gouroudji.

C’est depuis cet événement-clé que j'ai entrepris de détruire toutes mes croyances et que je me tiens le plus éloigné possible de tout discours ésotérique ou religieux,

Ce qui m’a aidé à mettre en place bien des années plus tard sur internet, ce personnage qui préfère le vrai, même s'il est laid, au faux même s'il est beau ; le Black Coach.

Liens externes

Retrouve la vidéo et le texte écrit sur mon site : http://www.blackcoach.ch/Chapitres/Chapitre089.php

Logistique :

Auteur du texte, acteur, montage (bref : tout) : Michel Defawes (le Black Coach)

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"Echoes of Times", de Kevin Macleod (https://youtu.be/uRDDOlGlHpk)

“Interloper”, de Kevin Mc Leod (https://youtu.be/L1L2ynUgPnw)

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“Marimba Chill”, de Jimena Contreras

“Skating On the Uppers”, de National Sweetheart

“Spine Chilling Cardiac Tension”, de Biz Baz Studio (https://youtu.be/UQqJmSJ6JBI)

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