Le texte

Je te connais pas, mais peut-être que t’aimes pas être surveillé, fiché, contrôlé.

Je te propose une expérience de pensée, un dilemme.

Imagine que quand t’es chez toi, il t'arrive d'entendre des bruits et des cris en provenance de l’appartement du dessus qui te font penser à de violentes disputes conjugales… tu soupçonnes fortement le mari de maltraiter sa femme, mais tu ne disposes d'aucune preuve !

Oh, tu as bien essayé d'entrer en contact avec eux, lui tout seul, elle toute seule, mais ils ne laissent rien transparaître.

ils se contentent de s'excuser pour le dérangement, qu'ils mettent sur le dos de leur lave-vaisselle qui vibre parce qu'il est trop vieux.

Et parmi tes autres voisins, aucun n'a manifesté l'envie d'évoquer ce sujet avec toi, comme s’il n’y avait que toi que ça dérangeait.

Alors, t’as fini par appeler la police à plusieurs reprises, mais à chaque fois, le calme est revenu avant leur arrivée, et quand ils sonnent chez eux, rien ne leur paraît suffisamment suspect pour motiver l'ouverture d'une enquête.

Imagine que tout ceci se passe dans un pays fictif, qui ressemble beaucoup à la France, mais avec un système judiciaire un peu différent : sur simple suspicion d'un citoyen, les gendarmes ont le pouvoir de s'introduire discrètement chez les gens pendant leur absence pour y installer d’indétectables micros-caméras, mais la police de ce pays imaginaire a absolument besoin de ton accord signé qui les autorise à pénétrer chez tes voisins pour installer ce système de vidéosurveillance le temps de l'enquête, ce qui permettra aux forces de l'ordre d'intervenir, preuves à l’appui, … ou qui démontrera que tu étais juste victime de ton imagination.

Te voici donc face au dilemme : bien que tes voisins ne seront jamais informés de ton implication, et que tu ne seras aucunement inquiété par la justice, quelles que soient les conclusions, acceptes-tu d'activer la procédure en signant leur papier ? … Ou refuses-tu catégoriquement, scandalisé par l’idée de violer l'intimité de gens peut-être innocents, à leur insu, même si une vie humaine peut en dépendre ?

Attention, j’INSISTE LOURDEMENT : l’idée de ce dilemme, de cette projection mentale, n’est PAS de proposer mille alternatives pour démêler la situation, parce que ça, alors vraiment, on s’en bat les steaks, mais t'imagines même pas comment.

Nooooon, l’intérêt de cette expérience de pensée, c’est d’observer le cœur de ton esprit en répondant à une question simple : “Acceptes-tu de coopérer avec la justice en signant l'autorisation ?” … Oui, non où tu ne sais pas ?

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Si tu as répondu oui au sondage, répondrais-tu toujours “oui” si ça impliquait que tu doives aussi accepter que la police vienne chez toi en ton absence pour y installer des caméras dans les mêmes conditions que tes voisins, juste parce que c'est la procédure ?

Et si tu as répondu “non” au sondage, aurais-tu aussi répondu “non” si ce n’était pas une femme qui était en danger, mais des enfants ?