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Le harcèlement scolaire - Chapitre 2 sur 5
Comment ça marche ?

Maintenant que la théorie a été posée dans la première vidéo, voyons comment le harceleur forme son “équipe de participants”, comme au foot. Le harcelé, c’est la balle dans laquelle on va taper. La bande se composera de quelques élèves influents qui vont suivre le harceleur principal, de témoins supporters malgré eux, et des autres élèves, spectateurs passifs qui se sentiront poussés à choisir le camp de la victime ou des harceleurs, il il faut être complètement maso, se prendre pour un héros ou avoir une âme de sauveur pour vouloir protéger la victime, le mouton noir, le lépreux !

Le texte

00:18 • Un sport cruel

00:49 • Témoins passifs supporters malgré eux

01:23 • Malaise des témoins

02:21 • Début du harcèlement engendré par la victime

03:02 • Les insultes

04:27 • Expressions assassines

05:11 • Liker = harceler

06:10• Comparaison avec la corrida

06:40 • Menaces préventives

07:06 • Attaques discrètes

07:39 • Cyberharcèlement

08:28 • Rendre la victime parano

09:07 • Attaques physiques symboliques

09:49 • Vol et casse de matériel

10:14 • Attaques physiques réelles

11:01 • Suicide possible

 

Cette série de vidéos évoque uniquement le harcèlement scolaire entre élèves. Je n’évoque pas le harcèlement prof-élèves ni inversement.

Cette vidéo est le deuxième épisode d’un total de cinq sur le thème du harcèlement scolaire.

Un sport cruel

Maintenant que la théorie a été posée dans la première vidéo, harceleur en herbe, tu vas devoir former ton équipe de participants, comme au foot.

Le harcelé, c’est même pas le dernier joueur choisi pour former l’équipe. Non, c’est la balle dans laquelle on va taper.

Ta bande se composera de quelques élèves influents qui vont te suivre et t’aider à crever la victime-ballon.

Témoins passifs supporters malgré eux

Les autres élèves deviendront des supporters, ou des spectateurs passifs qui se sentiront poussés à choisir le camp de la victime ou des harceleurs.

Se mettre aux côtés du punching-ball, c’est prendre le risque d’être contaminé et de devenir soi-même une victime.

Donner le bâton pour se faire battre.

Faut être complètement maso, se prendre pour un héros ou avoir une âme de sauveur pour vouloir protéger le mouton noir, le lépreux.

Malaise des témoins

Je te connais pas, mais peut-être que tu es actuellement le témoin passif d'un harcèlement, et que ça te met mal à l’aise : ton éthique personnelle te dicte d’intervenir, mais tu crains les problèmes.

Ce conflit interne s’appelle “Dissonance cognitive” .

Pour éviter de ressentir cette tension, ton cerveau utilise un biais cognitif appelé “Effet du témoin” ; plus on voit de gens qui ne portent pas assistance à une victime, moins on a l’impression qu’il faut l’aider. Les autres voient bien ce qui se passe, comme toi. Pourquoi tu te sentirais plus responsable qu'eux ?

Le harcelé est ainsi condamné à l'unanimité à errer seul dans sa misère qui ne fait que commencer, enferré dans une terrible logique :

moins il a de soutien, plus féroces seront les attaques. Seul à porter sa croix devant un public amusé, confortablement installé dans les gradins.

Début du harcèlement engendré par la victime

Le jeu peut commencer, comme les chrétiens étaient autrefois balancés aux lions.

Le début des hostilités est parfois sifflé par le harcelé lui-même, sans s’en rendre compte :

un ton de voix particulier, une simple réflexion.

Un simple regard mal interprété peut suffire comme prétexte,

un peu comme un chien qui se prend des raclées et qui se fait abandonner au bord de l’autoroute parce qu’un jour, il a pris un biscuit sur la table ou remué la queue une fois de trop.

La règle, c’est que y'a pas de règle : tous les coups sont permis sans que personne n'ait l'envie ni le courage de mettre fin à la curée qui ne s’arrête jamais.

Les insultes

Pour devenir un bon harceleur, c’est à dire de la pire espèce, tu dois utiliser des techniques éprouvées : la base de la base, c’est les insultes : crasseux, chien, bouffon, déchet…

Mais le plus efficace, c’est de s’attaquer aux points sensibles : problème de poids ? On sera sur du Bouboule ou de la grosse vache.

Les filles se feront plutôt traiter de mocheté difforme, ou de connasse puante.

Le plus dégueulasse, c’est de zapper le prénom et de le remplacer par la raison du harcèlement : le bronzé, la gouine, le nain.

Tu comprends ce que je veux dire, dents de lapin ou il faut que je te l’explique avec une carotte dans le cul ? T’as peur ? Pourquoi t’as peur ?

N’hésite pas à agrémenter ton comportement avec des grimaces ou des gestes obscènes, ça se marie très bien avec les attaques verbales et ça oblige ta victime à être attentive.

Pour faire encore plus mal, tu peux enrichir tes grossièretés avec certains mots : Trop, putain de, gros, sale , pauvre, fils de ou Pourri.

Putain de sale gros fils de pute de bâtard. Ça pète quand-même mieux que juste “bâtard”, non ?

Expressions assassines

Attention parce que ta victime peut enfiler une sorte d’armure mentale à gros mots. Pour passer à travers et lui bastonner le coeur quand-même, utilise des expressions assassines : “Personne ne veut de toi, ici”, “Pourquoi t’existes ?”, “Tu fais vraiment pitié”

Une seule remarque … une seule remarque de ce style peut suffire à affecter durablement quelqu’un.

Imagine quand elles sont répétées tous les jours. pendant des mois. Des années.

Je te connais pas, mais si tu veux devenir un harceleur digne de ce nom, tu dois abandonner toute valeur humaine, te comporter comme si t’étais le fils à personne.

Liker = harceler

Je vais te donner une petite astuce pour être le vrai fumier que tu rêves de devenir : connecte-toi sur Instagram, tard le soir, et poste une photo en taggant ta victime, style “Lucas Tatanpion La seule chose qui te garde en vie, c’est ta lâcheté qui t’empêche de te suicider”. Y’a plus qu’à attendre que les autres élèves likent le post.

Imagine la gueule de Lucas qui checke ses messages juste avant de dormir.

Mais t'inquiète pas, il va pas faire des cauchemars puisqu'il va pas dormir.

Nooooon, le cauchemar, ce sera le lendemain, en arrivant à l'école.

Le soleil ne se lève jamais dans les matins du harcelé.

Il demeure dans le ciel orageux de la peur des hostilités.

Eh ouais, harceleur : ton jouet humain, il sait jamais quand la foudre va lui tomber sur la gueule, comme une épée de Damoclès.

Ca te fait jouir, ça, hein ?

Comparaison avec la corrida

Comme la corrida : le harcelé, c’est un taureau affaibli, auquel on a scié le bout des cornes à vif pour qu’il n’ose jamais se défendre par crainte de la douleur.

Pour devenir un toréador-harceleur, tu dois apprendre à éviter ta victime, tout en la provoquant pour mieux la blesser.

Un délicat équilibre entre le mépris et l'oppression.

Ignorer quelqu’un volontairement, ça s’appelle “Ostracisme”.

Menaces préventives

Pour pas te faire choper, tu dois rapidement menacer ta victime en lui faisant bien comprendre que si elle dénonce ses agresseurs, elle va vivre l’enfer.

C’est débile parce qu'elle le vit déjà, de toute façon.

Mais à ce stade le harcelé est suffisamment enfermé dans son rôle pour obéir bien docilement.

Oui, je sais, c’est vil, c’est abject, mais c’est ça, être harceleur, c'est être inhumain.

Attaques discrètes

Pour monter la pression en toute discrétion, prépare tes attaques dans le brouillard, dans le flou : faux comptes sur les réseaux sociaux, messages anonymes, menaces masquées…

Tout se passe en insinuations, allusions, affabulations, suppositions, rien que des trucs que si ça arrive aux oreilles des adultes, c’est super-difficile de savoir qui en est à la base.

Comme le vent : on le sent passer, on se doute d’où il vient, mais on ne peut jamais connaître son origine avec précision.

Cyberharcèlement

Pourquoi pas lui envoyer un message depuis un faux compte anonyme : “Tu vas mourir, bouffon”, avec une belle image de tête de mort en pièce jointe : il aura des soupçons sur l'expéditeur, mais aucune certitude, parce qu’il n’est peut-être même pas dans ta classe.

Le cyberharcèlement , c’est pas fait pour les chiens : inscris son e-mail sur plein de sites web pour qu’il se fasse spammer à mort, essayer de pirater ses comptes, ou commander des trucs à son nom.

Tout le monde se planque : les harceleurs parce qu’ils ne veulent pas être punis, les harcelés parce qu'ils pètent de trouille,

Et les témoins pour ne pas être mouillés dans l’affaire… et parce que y'a un côté rassurant à savourer le spectacle sans en faire partie.

Un bon harcèlement bien lâche obéit à deux lois : la loi du silence et la loi du plus fort.

Rendre la victime parano

Une fois que le harcelé vit dans l'inquiétude permanente, faut le rendre carrément parano, maintenant !

C’est le moment de lui tendre des pièges, l’enfermer dans les chiottes, l’espionner, le filmer à son insu, enquêter sur sa famille, le caricaturer, et tout balancer à l’arrache sur les réseaux sociaux : Il fait du cheval donc il est pédé par exemple.

La rumeur, cette magique condamnation sans preuve parfois si convaincante qu’elle vole la place de la vérité, jusque dans l’esprit du harcelé.

Ben ouais, si je fais du cheval, c’est sûrement parce que je suis homo, c’est logique.

Attaques physiques symboliques

Maintenant, pour que ça devienne vraiment kiffant, faut passer physiquement à l’attaque.

D’abord des trucs symboliques : lui cracher dessus ou lui jeter des boulettes de papier en pleine classe, comme si c’était des pierres, par exemple.

Le truc bien lâche pour les meufs, c’est les cheveux, parce qu’ils sont derrière : tu peux discrètement les couper, ou lui balancer un chewing-gum pour qu’elle soit obligée de se les couper elle-même.

Une fille m’a raconté qu’on lui avait carrément foutu le feu à ses cheveux.

C’est rigolo de cramer les gens comme au moyen-âge, non ?

C'est dommage qu'ils ont pas filmé, ça aurait fait le buzz sur Tik Tok .

Publier une saloperie de vidéo de ce style, ça s’appelle “Happy slapping”.

Vol et casse de matériel

Sans aller jusque là, sois imaginatif : des vêtements, ça se déchire, ça se tache.

Un sac à dos, ça se vide par terre, des pages de cahier, ça s’arrache.

Un téléphone, ça se chope au vol : imagine tout ce qu’on peut faire avec un iphone déverrouillé.

C’est rigolo, ça, hein harceleur ? T’es un marrant toi, hein ? Ton absence nous manque.

Attaques physiques réelles

Bien. C’est le moment de passer aux agressions physiques bien réelles.

Chauffe-toi en lui donnant des petites claques derrière la tête, par surprise.

Après, t'enchaînes avec des balayettes et des bousculades à des endroits stratégiques : en haut de l’escalier ou face au bus qui arrive par exemple.

Après, ben t’improvises… Tu pinces, tu pousses, tu retiens, tu frappes.

Avec les mains, les coudes, les pieds, tout est permis : tu t’en fous parce que ta victime est tellement terrorisée que si on lui demande pourquoi elle boite ou qu’elle a des hématomes, elle convaincra d’elle-même les adultes qu’elle est tombée au sport.

Eh ouais, c’est des gens sympas, les harcelés, ils jouent bien le jeu !

Suicide possible

Attention, parce que maintenant que t’es ceinture noire de harcèlement, l’ordure en chef, il est possible que tu arrives à tes fins.

La petite boutonneuse qui louche que tu as tourmenté pendant des mois, quand sa mère va la découvrir pendue dans sa chambre à son foulard préféré avec un mot d’adieu posé par terre, je te cache pas que ça va la surprendre, parce qu’elle a pas trop l’habitude de retrouver ses enfants morts, tu vois ?

Elle va peut-être même pleurer un petit peu car une nouvelle vie commence pour cette famille amputée d'un membre : une existence noire et glacée, comme une nuit d’hiver infinie.

 

Que dire de plus ?

*** Liens et définitions ***

Dissonance cognitive : Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Dissonance_cognitive

Effet du témoin : Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Effet_du_t%C3%A9moin

Gros pavé d’insultes typiques : https://wiki.jvflux.fr/Pav%C3%A9_Fils_de_pute

Liker, c’est haïr : Vidéo YouTube : https://youtu.be/ANDOrJeHUQ0

Afeitado (Scier les cornes) : Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Afeitado

Ostracisme : Larousse : https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/ostracisme/56790

La fille aux cheveux brûlés : son histoire sur YouTube : https://youtu.be/Pzosbw77m0s

C’est quoi, Tik Tok ? : Numérama : http://bit.ly/CestQuoiTikTok

Le gamin qui se fait traiter de pédé parce qu’il fait du cheval : https://youtu.be/mJGRNfw8MJ8

Happy Slapping : Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Happy_slapping

*** Culture générale ***

Harcèlement : Définition Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Harc%C3%A8lement

Cyberharcèlement : Définition Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Cyberharc%C3%A8lement

Violence scolaire : Définition Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Violence_en_milieu_scolaire

Cybersexisme : Définition Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Cybersexisme

Ce que dit la loi : Sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Harc%C3%A8lement#L%C3%A9gislation_par_pays

Harcèlement scolaire : Définition Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Harc%C3%A8lement_scolaire

Retrouve la vidéo et le texte écrit sur mon site : http://www.blackcoach.ch/Chapitres/Chapitre046.php

*** Logistique : ***

Auteur du texte et acteur : Michel Defawes (le Black Coach)

Mise en scène : Cathy Moreno

Relecture et corrections : “Les coulisses du Black Coach”, ainsi qu’au staff de mon serveur Discord (remerciements à tous les membres qui ont participé).

Merci à Natix, Alban Giacobino & Chloé pour le prêt de leurs voix

Soutien financier : toi, si tu en as envie, c’est ici : https://fr.tipeee.com/black-coach

*** Musiques : ***

“Face Off” (Musique d’intro) - Auteur inconnu, mais libre de droits

"Echoes of Times", de Kevin Macleod (https://www.youtube.com/watch?v=uRDDOlGlHpk)

"Virtual Light", de Houses of Heaven (https://www.youtube.com/watch?v=Bx6kpcxEmb8)

"The end", de Coyote Hearing (https://www.youtube.com/watch?v=GKRhF)

“Interloper”, de Kevin Mc Leod (https://www.youtube.com/watch?v=OMwkCA747bc)