Norme, ça vient du latin"Norma", qui veut dire "Equerre", ou "Règle". Et comme par hasard, on parle souvent de ... règles à suivre.
En géométrie, il y a des règles, des lois, on prend des mesures.
En justice aussi, il y a des règles, des lois et on prend des mesures.
Si tu lâches ton stylo, il tombe : C’est la loi de la gravité.
Si t’arrives à un feu rouge, tu t’arrêtes: c’est la loi de la circulation. Si y'a personne, tu peux le brûler, mais tu peux pas parce que c’est interdit.
Il est bizarre, hein, le verbe “pouvoir” : tu peux et tu peux pas en même temps. Ton stylo, par contre, si tu le lâches, il va jamais s'envoler, même si personne regarde.
Raymond Devos, il dirait que si on enfreint la loi, c’est toujours avec une certaine gravité.
Les lois scientifiques, elles se découvrent. Les lois de la justice, elles se décident.
Ça te dérange pas que le mot “loi” signifie deux choses aussi opposées ? Disons que dans les deux cas, c'est “normal” que ces lois soient respectées.
Normal, qui vient de “norme”. Mais c'est quoi, une “norme” ?
Ça vient du latin "Norma" qui veut dire équerre, ou règle, mais l’autre définition, c’est :
“État habituellement répandu, considéré le plus souvent comme une règle à suivre”.
Qu'est-ce que t'en penses ? c’est une bonne chose de vivre dans un monde régi par des règles ?
Par exemple, en Suisse, tout le monde roule à droite. C’est plutôt bien qu’il n’y ait pas de rebelles qui décident de rouler à gauche, non ?
Mais si on reprend l’exemple du feu : cC’est la nuit, en pleine campagne, y’a personne, t’es arrêté au feu rouge. T’attends... t’attends... t’attends mais si il est en panne et qu’il reste bloqué au rouge, il va bien y avoir un moment où tu vas avoir envie de... passer, non ?
Qu’est ce qui te paraît “normal” `? Respecter la loi ou... ton bon sens ? Eh ouais, c’est pas synonyme.
Un autre exemple de règles : la langue française.
Tu connais ces mots : Bijou, caillou, chou, genou, hibou, joujou, pou.
Ça te dérange pas d’apprendre une liste débile uniquement pour pas oublier que c’est des mots qui prennent un “X” au pluriel sans aucune raison ?
Ça fait quoi si tu décides de mettre un "S" ? Ça pique les yeux, hein ?
Et je te parle pas du regard des autres qui vont te prendre pour un nul en orthographe alors que tu remplaces juste une règle à la con par un tout petit peu de bon sens.
Des règles qui servent à rien, y’en a des camions. Mais des cas où y'a pas de règles alors qu'il en faudrait, y'en a tout autant.
Je te connais pas, mais peut-être que ton médecin t’écrit des ordonnances tellement bâclées que même toi, t’arrives pas à le relire.
Par exemple, c’est arrivé qu’on ait délivré du Xanax au lieu du Xatral.
Hè ! Ça te dérange pas, toi, de jouer avec ta santé en posant une prescription médicale griffonnée avec les pieds sur le comptoir de ton pharmacien ? Ah ben y’a aucune loi qui contraint son toubib à écrire comme il faut... Enfin si : y’a une règle de politesse qu’on s’invente et qui dit que c’est pas poli de demander à son médecin d’écrire proprement parce que :
"Ça ne se fait pas” - “On a toujours fait comme ça”
Quand tu entends ces deux phrases, ça veut juste dire : “On sait que ça va pas, mais on a la flemme ou la trouille de changer les trucs”
Les normes, les règles, les lois, est-ce que c’est pas tout ça qu’on appelle globalement “l’ordre” ? C’est bien, de mettre les choses en ordre.
Mais on parle aussi de “donner des ordres”. En fait on donne rien, on impose.
Quand on appelle la police, on invoque “Les forces de l’ordre”, comme si ça allait de soi que l’ordre soit “forcé”. Pourtant, quand on manifeste ou qu’on se révolte, ça veut bien dire qu’on n’en veut plus, de cet ordre “forcé”, non ?
Ça me rappelle une citation de Brecht : “On parle souvent de l’impétuosité du fleuve, mais rarement de la violence des berges qui l’enserrent”
Dans certains pays, les femmes n'ont même pas le droit de conduire, les homosexuels sont punis de mort, l’excision des fillettes est imposée par la tradition.
Méfie-toi des mots “lois, traditions, règles, habitude”... ils sont bien plus dangereux que tu crois.
Tant qu'on n’y pense pas, la normalité, c'est confortable, inoffensif. Elle gagne toutes les élections.
Mais quand on regarde de plus près, on voit que c'est une maladie sournoise et invalidante qui paralyse progressivement ton esprit jusqu'à supprimer complètement ta liberté de penser sans même que tu t'en rendes compte.